Mortelle parfois, la pneumonie doit être prise très au sérieux

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Cette infection, virale ou bactérienne, dont a été victime Hillary Clinton, sévit toute l’année. Si elle se traite en général très bien, elle doit être surveillée de près chez certains malades chroniques, notamment.

Les images de Hillary Clinton affaiblie, victime d’un malaise lors des cérémonies officielles de commémoration du 11 Septembre, ont fait le tour de la planète. D’abord présenté comme un banal coup de chaud, le malaise de la candidate démocrate a ensuite trouvé une nouvelle explication. Selon son médecin personnel, Hillary Clinton souffrait depuis quelques jours d’une pneumonie, traitée grâce à des antibiotiques.

Le coup de chaud et l’effondrement sont-ils typiques de cette affection? Ce diagnostic étonne à première vue, mais les médecins que nous avons interrogés l’estiment néanmoins crédible. En effet, «une pneumonie s’accompagne généralement d’une fièvre importante et peut entraîner une baisse de la tension artérielle et du tonus. Le risque de déshydratation causé par la fièvre, qui plus est associé à la chaleur, peut provoquer un malaise», commente le professeur Laurent Nicod, chef du service de pneumologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). La pneumonie se traduit aussi par une toux et des difficultés respiratoires plus ou moins marquées. Si elle touche la plèvre (membrane qui entoure les poumons), elle provoque généralement des douleurs thoraciques et une variation du rythme cardiaque.

Virale ou bactérienne
On peut encore s’étonner de la survenue d’une telle maladie pendant un mois de septembre au climat estival. C’est pourtant à tort que l’on associe pneumonie à l’hiver. «Une pneumonie en été est tout à fait possible. Beaucoup de virus banals – sauf celui de la grippe, présent dès le mois d’octobre – ont récemment circulé. L’alternance de jours chauds et froids prédispose à leur développement chez l’humain, même en été», explique un spécialiste.

«Dans la plupart des cas, la pneumonie est une maladie infectieuse, explique la professeure Paola Gasche, cheffe du service de pneumologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Elle est consécutive à l’inhalation d’un germe pathogène, qui a réussi à traverser le système de filtrage de l’appareil respiratoire et s’est installé dans le poumon. Elle est généralement due à des bactéries (par exemple, le pneumocoque) ou à des virus (les virus respiratoires ou de la grippe). Dans 20 à 30% des cas, le germe responsable ne pourra pas être identifié.» Plus rarement, la pneumonie est due à un médicament ou à l’inhalation d’un toxique (fumée, gaz, particules). Elle peut se développer chez n’importe qui et à n’importe quel âge dans la population générale. Mais la présence d’une maladie chronique (comme le diabète), d’une autre maladie respiratoire (par exemple la BPCO, pour broncho-pneumopathie chronique obstructive) ou qui affaiblit les défenses immunitaires (tel le VIH), de tabagisme, de malnutrition augmente le risque de la contracter.

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C’EST QUOI CETTE TOUX?
La toux est un réflexe du corps pour nettoyer les poumons et se débarrasser des microbes. A la fois commune et dérangeante, elle a de multiples causes. Elle peut être consécutive à un écoulement nasal (généralement d’origine virale), à un reflux gastro-œsophagien, à de l’asthme (surtout quand elle survient la nuit). Elle peut aussi résulter de l’action de substances irritantes ou avoir une origine allergique. Si elle est associée à d’autres symptômes tels que de la fièvre, une respiration rapide, un rythme cardiaque élevé, une pression basse, une perte d’appétit, des douleurs thoraciques et un état confusionnel, il faut impérativement consulter un médecin ou se rendre aux urgences. Ces symptômes font en effet suspecter une pneumonie sévère, aux conséquences sérieuses, même chez des patients jeunes et en bonne santé habituellement.

Un mal aigu
L’infection peut toucher un ou plusieurs lobes pulmonaires d’un ou des deux poumons. Après quelques jours d’incubation, la maladie, dans sa forme la plus commune, émerge brutalement. «Face à une telle agression, le corps se défend, des globules blancs spécialisés tentent de détruire les germes en les engloutissant et en sécrétant de nombreuses substances anti-infectieuses naturelles, comme des cytokines. Il s’agit d’une vraie bataille contre l’intrus», explique Paola Gasche. Une accumulation de sécrétions, voire de pus, dans les alvéoles pulmonaires entrave le bon fonctionnement des poumons, chargés d’oxygéner le sang et d’évacuer le gaz carbonique produit par le métabolisme. La pneumonie provoque aussi une inflammation, avec afflux de sang, un œdème des tissus endommagés et un rétrécissement des bronches. Tout cela entrave la circulation de l’air et rend la respiration plus difficile. Certaines pneumonies peuvent s’exprimer de manière sournoise, avec un temps d’incubation allongé et des symptômes peu tapageurs. Elles n’en seront pas moins graves.

Une pneumonie ne doit pas être prise à la légère et ce, tout particulièrement chez les personnes très jeunes ou très âgées, celles souffrant de maladies chroniques, immuno-supprimées ou fumeuses. «Dans près d’un tiers des cas, le patient doit être hospitalisé, affirme la professeure Gasche. Jusqu’à 10% des patients hospitalisés en décèdent.» Heureusement, la maladie se traite bien dans la grande majorité des cas et ce, d’autant plus si la personne est d’ordinaire en bonne santé et que les foyers de l’infection sont limités. Quand la maladie est d’origine bactérienne, un traitement antibiotique est proposé. Après quelques jours, si tout va bien, le malade est rétabli. C’est du moins la tournure que le médecin de l’ex-première dame des Etats-Unis a prédite pour sa patiente.

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COMME LES INTESTINS, LES POUMONS ONT AUSSI LEUR FLORE BACTÉRIENNE
Pendant très longtemps, on a considéré que les poumons étaient un univers stérile. Mais des recherches récentes ont mis en lumière la présence de bactéries au sein de l’appareil respiratoire, et ce non seulement chez les personnes malades, mais aussi chez les personnes saines. De plus en plus d’études démontrent en effet l’existence d’un véritable microbiome pulmonaire, au même titre que le microbiote intestinal (désignant la population bactérienne présente naturellement dans les intestins). Cette découverte tardive a donné lieu à de nombreuses recherches qui tentent de comprendre les relations entre cette flore microbienne et les maladies pulmonaires. Selon le professeur Laurent Nicod du CHUV, «la perturbation de l’équilibre de cette population bactérienne, à l’intérieur des poumons, peut être la cause d’une inflammation comme la pneumonie. Les virus (ceux du rhume ou de la grippe, par exemple) sont les perturbateurs les plus fréquents, la fumée et la pollution en sont d’autres. Un épuisement, une baisse des défenses immunitaires, une mauvaise alimentation peuvent également faire en sorte qu’une souche bactérienne prenne le dessus sur une autre, créant ainsi une infection
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