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La mortalité maternelle : Pourquoi les femmes meurent dans les pays en voie de développement ?

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La réduction de la mortalité maternelle est l’une des grandes priorités de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) mais également une préoccupation majeure de nos gouvernements Africains. Malgré toutes les politiques sanitaires initiées et les stratégies mises en place, le taux de mortalité reste extrêmement élevé surtout dans nos pays dits en voie de développement (PEVD) ou l’accès aux soins obstétricaux est limité.

Le risque de mourir en donnant la vie est 70 fois plus élevé en Afrique, que dans les pays développés.

Chaque jour, plus de 800 femmes meurent de complications liées à la grossesse et /ou à l’accouchement, 99% de ces décès surviennent dans les pays en voie de développement dont 2/3 dans les pays où sévissent les guerres civiles et les conflits armés, les épidémies occasionnant des crises humanitaires graves.

LES HEMORRAGIES ET LES ACCIDENTS VASCULO-RENAUX / Premières causes de décès
Les hémorragies au cours de la grossesse et dans les suites de l’accouchement (décollement du placenta, rupture utérine, hémorragie post partum, coagulopathie etc …) constituent la première cause de décès maternel avec plus de 25% (1 femme/4).
Le pronostic maternel est souvent aggravé par l’absence de banque de sang, l’absence de plateau technique permettant une prise en charge adéquate, mais aussi le manque de suivi correct de la grossesse permettant le dépistage des pathologies a risque d’hémorragie pendant la grossesse.

Dans les pays à faible revenu seules 45 % des femmes enceintes bénéficient des 4 consultations prénatales recentrées (le minimum requis pour un bon suivi de la grossesse) et seules 51% des femmes bénéficient de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement.

L’hypertension artérielle pendant la grossesse et les complications liées notamment (pré éclampsie et éclampsie,) arrivent en deuxième position ils sont responsable d’environ 17% des décès. Ce sont des pathologies qui se compliquent souvent de troubles de la conscience ou de troubles rénaux-hépatiques. La prise en charge de ces pathologies exige des moyens de réanimation efficace et un plateau technique relevé.

Les facteurs aggravant pronostic sont:

Le taux de mortalité maternelle : indicateur du niveau sanitaire d’un pays
Les plus forts taux de mortalité maternelle sont objectivés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud Est, caractérisés par un déficit dans l’offre des soins obstétricaux et néonataux de base.

Le taux de mortalité maternelle c’est-à-dire le nombre de décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (NV) est extrêmement élevés dans les pays de l’Afrique de l’ouest.
Tchad =860/ 100 000 NV ; Cote d’ivoire= 720/100 000 NV ; Niger= 554 / 100 000 NV ; Mauritanie 582/ 100 000 NV ; Mali= 580/100 000 NV ; Sénégal= 320/100 000 NV

Par Contre le taux de mortalité maternelle dans les pays développés varie 0 à 12 décès/ 100 000 naissances. Devant l’ampleur du phénomène, Il urge de trouver des solutions pour réduire davantage le gap.

Les problèmes sont liés :

Difficultés à fournir des soins à toutes les populations :
La santé qui n’est pas toujours accessible à toutes les patientes, à toutes les populations , il existe une inégalité géographique dans l’offre de soins avec des régions plus avantagées que d’autres sur le plan des infrastructures, des équipements et des ressources humaines.

CONFLITS ARMES ET LES GUERRES sources de déstabilisation du système de santé
Durant ces 10 dernières années l’Afrique subsaharienne a été une zone trouble instable marquée par de nombreux conflits armés. Les taux de mortalité les plus élevés sont observés dans les régions d’Afrique ou sévissent des guerres et une instabilité sécuritaire.
Les conséquences: une déstabilisation et une fragilisation de l’organisation du système de santé mis en place par les états. Dans les zones de conflit ou de guerre civile, la fourniture de services de santé est fréquemment compromise par les couvre-feux, les risques d’enlèvement, les barrages routiers et la fermeture des postes de contrôle qui empêchent les patients d’atteindre les établissements de soins à temps opportun.

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UN BUDGET ALLOUE AU SECTEUR DE LA SANTE TROP FAIBLE
Une réduction du taux de mortalité de même que tous les indicateurs sanitaires exige un système de soin bien organisé, bien structuré répondant aux mieux à la demande des populations. Les pays qui ont un budget faible consacré à la santé ont des indicateurs sanitaires très mauvais matérialisés par un taux de couverture sanitaire faible, une augmentation de la mortalité maternelle et infanto-juvénile. Depuis la conférence d’Abuja en 2001, plusieurs états africains s’étaient engagés à consacrer chaque année au moins 15 % des budgets au secteur de la santé. Malheureusement jusqu’à présent aucun pays ouest africain ne parvient a tenir cette promesse. Les projets de santé publique sont essentiellement basés sur l’aide au développement et sur les partenaires financiers. Beaucoup d’argent dépensé dans le renforcement des capacités techniques et dans l’amélioration des services de santé, pour peu de résultats qui restent insuffisants.

La lutte contre la mortalité maternelle n’est pas seulement un slogan pour solliciter l’appui des bailleurs et des partenaires financiers.

Une réponse à la réduction du taux de mortalité nécessite une bonne organisation du système de santé de base et une volonté politique manifeste de rendre accessibilité les soins médicaux à tout le monde.
Par Dr Doudou SAGNA – Gynécologue-Obstétricien

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