C’est l’un des motifs de casse-tête du gouvernement. La pandémie du nouveau coronavirus a poussé beaucoup de pays, notamment la France à limiter toutes opérations d’exportations de médicaments. Une situation qui explique une avalanche de rupture de stocks de médicaments dans les pharmacies. Pour y faire face, la directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), Dr Annette Seck Ndiaye, a invité les différents acteurs du milieu à « un changement de paradigme » car rappelle la blouse blanche, « Les pays producteurs se servent d’abord avant de servir les autres ».
Les étagères de nos pharmacies se vident peu à peu. « C’est en rupture de stock » devient un refrain qu’on entend en boucle. Et pour mieux encadrer une situation qui empire, la directrice de la Pharmacie nationale de l’approvisionnement (PNA), Dr Seck recommande « un changement de paradigme pour améliorer l’accès à des médicaments essentiels de qualité pour nos populations! ». En effet, explique la blouse blanche, « la demande de plus en plus importante de médicaments particulièrement dans le contexte sanitaire actuel marqué par la pandémie à Coronavirus Covid-19 ainsi que la complexité du marché pharmaceutique international doivent amener tous les acteurs de la santé à se réajuster et à s’inscrire dans une dynamique de gestion rationnelle des produits de santé ».
Révélant dans la même foulée que « tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement privé comme public sont impactés par la pandémie et cela dans tous les pays. Les pénuries de médicaments sont mondiales. Les incertitudes dans l’approvisionnement sont de plus en plus importantes. Inutile de chercher de midi à quatorze heures, l’industrie pharmaceutique n’a pas été épargnée par la pandémie et les gros importateurs comme notre pays payent le plus fort tribut des restrictions liées à une offre bien en deçà de la demande. Les pays producteurs se servent d’abord avant de servir les autres bien entendu ».
Non sans oublier de préciser qu’il n’est plus convenable qu’en 2020, « les populations continuent de faire le tour des officines de pharmacie à la recherche de spécialités pendant que le produit existe sous sa forme DCI dans les officines et /ou dans les postes ou centres de santé ». Par conséquent, selon Dr Ndiaye, « prescrire en DCI, c’est faciliter la tâche au pharmacien qui s’évertue à proposer un produit de substitution tout en restant dans l’orthodoxie en la matière ».
Et de reconnaitre qu’il reste difficile « de convaincre des populations pas suffisamment préparées à cet exercice ». Pour illustrer ses propos, elle fait savoir que « le paracétamol et la morphine sont des DCI tout comme le phénobarbital commercialisé sous le nom de Gardenal est une DCI », donc poursuit-elle, « il faut éviter de créer la panique et la confusion dans l’esprit des populations. Nous devons les aider à trouver le bon produit au bon endroit et éviter de les amener à recourir au marché informel et à les exposer ainsi aux risques liés aux médicaments contrefaits qui s’y trouvent… ».
En somme, « si nous voulons soulager nos populations qui supportent encore en grande partie le lourd fardeau des dépenses de santé, il est grand temps que nous nous affranchissions des stratégies commerciales des firmes pharmaceutiques qui, dans leurs éternelles guerres de positionnement, n’hésitent pas à faire subtilement la promotion de leurs produits en annonçant tambour battant leur rupture sur le marché », explique Dr Annette Seck Ndiaye.
Et d’ajouter : « n’ayons pas de scrupules, développons le marché des génériques de qualité, les pays qui ont obtenu leur souveraineté en matière de médicaments l’ont obtenue parce qu’ils ont osé devenir des « génériqueurs » ». Une stratégie qui doit, selon elle, contribuer à la promotion ainsi qu’au renforcement de l’industrie pharmaceutique locale pour nous dresser en bouclier contre les monopoles.
Par Brian M. PRECIEUX
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