La circoncision, du latin circumcisio, signifiant «découper autour», consiste en l’ablation du prépuce, c’est à dire la peau qui recouvre le gland de la verge. Mais qu’est-ce que ce prépuce qui fait tant parler de lui ces derniers temps? Est-il indispensable, utile? Vit-on en meilleure santé avec ou sans cette peau? Réponses avec un chirurgien pédiatrique.
La circoncision, du latin circumcisio, signifiant découper autour, consiste en l’ablation du prépuce. Mais outre les motifs ethniques et religieux, cette peau a-t-elle une fonction précise? Le prépuce est-il indispensable ? Vit-on en meilleure santé avec ou sans lui? Nous avons posé ces questions au Pr Olivier Reinberg, médecin adjoint au Service de Chirurgie Pédiatrique au CHUV (Centre hospitalier universitaires vaudois) à Lausanne.
«Le prépuce est un résidu de peau embryonnaire, un reste de la formation de la verge, qui persiste à la naissance. On admet que les enfants ne naissent pas encore tout à fait «finis». D’ailleurs, lorsque l’organe génital du garçon se forme in utero, il est d’abord fermé, tout comme l’est le vagin de la future petite fille», explique le spécialiste.
À la naissance, cette petite peau recouvre le gland, à l’exception d’un tout petit orifice qui permet à l’enfant d’uriner. Et chez 98% des garçons, cette peau adhère au gland, de sorte qu’elle ne peut pas encore être rétractée. C’est ce qu’on appelle un «phimosis physiologique», soit un rétrécissement du prépuce, tout à fait normal à la naissance.
Et c’est tout naturellement que ce problème va se résoudre, pour autant que l’on ne touche pas au prépuce: la peau va en effet se relâcher progressivement et le gland se découvrir spontanément. Car les mictions et les érections du petit garçon vont détendre la peau. Ainsi, vers l’âge de deux ans, seuls 15% des enfants ne peuvent pas encore rétracter leur prépuce. Entre deux et cinq ans, le relâchement naturel peut encore avoir lieu, mais de façon bien moins importante.
Pas d’indication médicale avant 2 ans
«Il n’existe donc pas d’indication médicale à procéder à une circoncision avant l’âge de deux ans, souligne le Dr Reinberg, et elle ne peut être prise en charge par l’assurance maladie de base, sauf s’il existe une indication médicale. Si les parents souhaitent une circoncision pour des raisons culturelles, religieuses ou autres, nous respectons leur demande – mais à leur frais – tout en essayant de leur faire retarder cette intervention, afin de limiter les risques liés à l’anesthésie et à la chirurgie d’un tout petit enfant.
« Par contre, si le phimosis persiste entre deux et cinq ans, il est recommandé de consulter un médecin avant que l’enfant n’entre à l’école. Le cas échéant, il peut conseiller une solution chirurgicale, une circoncision ou une plastie du prépuce.
Attention!
Les risques du décalottage
«Les parents, sur conseil de pédiatres, d’infirmières, de sages-femmes, etc. procèdent encore souvent au décalottage, consistant à tirer en arrière la peau du gland du nouveau-né», constate le Dr Reinberg. Cela pour des raisons d’ordre prétendument hygiénique. Ce que beaucoup ignorent hélas toujours, c’est que le liquide blanchâtre qui peut sortir de l’orifice de la verge n’a rien de sale, mais est tout à fait naturel. Ce n’est ni du pus, ni le signe d’une quelconque infection. En réalité, il s’agit de smegma, un lubrifiant produit par une glande située entre la peau externe et interne du prépuce. Le smegma a l’apparence de petites boules blanches qui ne peuvent s’évacuer lorsque le prépuce est trop serré. Il se ramollit avec l’urine et devient liquide. Parfois cela provoque une inflammation appelée balanite, qui est très rarement grave», explique le Pr Reinberg.
Le décalottage est non seulement inutile à cet âge, mais aussi risqué, car il provoque des micro déchirures de la peau du prépuce qui, en cicatrisant, vont empêcher la peau de s’assouplir. Avec pour conséquence possible de devoir recourir à la chirurgie.
Par E.Weigand
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