Les cancers sont devenus un fléau mondial surtout dans les pays en voie de développement ou l’accès aux moyens de diagnostic et de traitement reste un problème majeur pour les populations. De 15 millions de cas en 2015, on est passé de 18 millions de nouveaux cas en 2018 dont plus 9 millions de décès. Selon les estimations de l’OMS, en 2030 plus de 21 millions de personnes seront atteints de cancer si aucune mesure n’est prise.
Le cancer tue en moyenne 1 millions de personnes chaque année, plus de 70% de ces décès survient dans les pays à faible revenu dits pauvres. Il constitue la deuxième cause de décès après les maladies infectieuses comme la tuberculose, l’infection au VIH, Ebola.
Le Cancer du col de l’utérus, premier cancer gynécologique en Afrique sub-saharienne
Le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent des cancers gynécologiques et représente la première cause de mortalité par cancer chez les femmes dans les pays en voie de développement surtout en Afrique sub-saharienne,
Malgré les campagnes de sensibilisation, les dépistages précoces volontaires ou organisés en masse, ce cancer reste toujours élevé avec plus de 75 000 nouveaux cas et près de 50 000 décès par an.
Cancer du sein arrive en deuxième position
Le cancer du sein est le premier cancer gynécologique de la femme dans le monde. En 2018 plus de 2 millions de femmes atteintes de cancer du sein ont été diagnostiquées, Parmi les facteurs de risque objectivés, l’environnement, le mode de vie et les facteurs génétiques jouent un rôle primordial dans l’apparition des cancers du sein. En Afrique Sub-saharienne, le cancer du sein gagne du terrain et le taux de survie reste relativement faible car la majorité des cas sont diagnostiqué à un stade tardif. Le cancer du sein est responsable de 458 000 décès dont la majorité 269 000 cas était survenue en Afrique.
Cancer de l’ovaire : Relativement rare arrive en 3e position, sous diagnostiqué, découvert à un stade tardif évolue à bas bruit, caractérisé par l’absence de test de dépistage,
Cancer de l’endomètre : il s’agit d’un cancer hormono dépendant, favorisé par les hormones (œstrogènes) un régime alimentaire hypocalorique, la surcharge pondérale, touche la femme ménopause.
LES PARTICULARITES de la prise en charge
Le taux élevé des cas de cancers gynécologiques en Afrique s’explique par plusieurs points :
- Un manque d’information sur la maladie : un niveau de connaissance faible des patientes sur les signes précoces de la maladie qui doivent les inciter à consulter un médecin.
- Accès limité aux moyens de diagnostic pour les malades car les moyens de diagnostic restent couteux pour la majorité des malades.
- Retard de diagnostic : le diagnostic est fait à un stade tardif, très avancé ce qui rendait le pronostic défavorable, le traitement était alors de type palliatif.
Le silence coupable des femmes qui redoutent d’être exclus de la société, le cancer étant vu par certains comme une punition divine.
Absence de politique nationale efficace de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles : la plupart des politiques de santé sont orientées vers la lutte contre les maladies infectieuses à déclaration épidémique (tuberculose, paludisme, VIH etc…)
Absence de politique de dépistage pérenne bien organisée, bien ciblée pour les populations dites à risque 🙁 peu d’argent injecté dans la lutte contre les maladies chroniques non transmissibles).
Absence d’un circuit de prise en charge et d’un itinéraire de soins bien organisé pour les malades.
Manque de services de références spécialisés en cancérologie : peu d’unités spécialisées existent pour la prise en charge des malades atteints de cancer, manque de centres de référence et de traitement pouvant prendre en charge ces maladies, ce qui se traduit par un parcours des soins complexe et long.
Manque d’équipements et d’un plateau technique bien relevé.
Manque de médecins en formation : peu de spécialistes et d’agents de sante formés en cancérologie, (chirurgien cancérologue, chimiothérapeute, radiothérapeute, infirmiers et technicien).
Prises en charge couteuse
En Afrique, la prise en charge des cancers est lourde, couteuse financièrement, le traitement est souvent interrompu ou mal conduit, faute de moyens pouvant supporter le cout des soins.
Un itinéraire des soins long et complexe
Les itinéraires thérapeutiques complexes et multiples expliquent l’allongement des délais diagnostiques et de prise en charge spécifiques. Peu de subvention, pas d’assurance maladie pour la plupart des cas, les explorations biologiques et radiologiques onéreux, l’accès difficile aux consultations en cancérologie, insuffisance de spécialiste en cancérologie (médecins spécialiste, cancérologue, infirmiers spécialisées, ou de technicien supérieur).
Recours aux méthodes de traitement traditionnel en première intention
Tous ces facteurs poussent souvent les malades à aller d’abord essayer les méthodes de traitement traditionnel chez les tradipraticiens, les charlatans, les chambres de prières avant d’arriver tardivement à l’hôpital lorsque le pronostic est déjà avancé.
Le dépistage sauve des vies, moyens efficace pour réduire la mortalité du cancer
Le dépistage est une stratégie de prévention secondaire qui permet de dépister précocement le cancer, de le traiter à un stade précoce et d’éviter sa propagation. Les moyens de dépistage existent mais les politiques mises en œuvrent pour l’exécution dans les campagnes de dépistage sont insuffisantes, ce qui les rend souvent inefficaces.
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LES MOYENS de PREVENTION Existent
- Eviter le tabac, l’alcool, les fumées domestiques
- Faire une activité physique régulière, lutter contre la sédentarité et l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle.
- Éviter la consommation de produits conservés,
- Avoir une alimentation pauvre en graisse animale et éviter l’excès de sel de sucre, de bouillons
- Traiter les infections sexuellement transmissibles
- Encourager l’allaitement maternel pendant une période supérieure à 18 mois
- Faire la Vaccination contre HPV, Hépatite B
- Faire un Suivi régulier chez le médecin gynécologue
La lutte contre l’avancée des cancers passe par :
- La mise en place de politique de lutte efficace contre les facteurs de risque cancérigène.
- Une bonne sensibilisation de la population sur les signes précurseurs de la maladie
- Une stratégie de dépistage et de diagnostic précoce efficace
- Un accès facile aux moyens de traitement
Par Dr DOUDOU SAGNA – GYNECOLOGUE-Obstétricien
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