Santé Sénégal – Le guide d’Information Santé et Prévention

CANCER : 10 549 cas de personnes atteintes par an

Le pays enregistre chaque année 10 549 cas de personnes atteintes de cancer, tous types confondus, parmi lesquels une mortalité de 70 %

Les efforts du chef de l’Etat, en matière de lutte contre les cancers, sont aujourd’hui cités et reconnus partout et surtout par des oncologues et la Ligue sénégalaise contre le Cancer (Lisca) qui notent, en outre, des points d’achoppement dans ce combat qu’on peut résumer en un « trio de lésions… cancéreuses ». Il s’agit de doléances liées à la mise en place d’un programme de lutte contre les cancers, d’un registre des cancers et de la formation de personnels qualifiés surtout dans la manipulation de la radiothérapie et listées par l’oncologue Pr Abdoul Aziz Kassé. Alarmiste, il prédit 125 000 cas d’ici 2040.

Le Sénégal enregistre chaque année 10 549 cas de personnes atteintes de cancer, tous types confondus, parmi lesquels une mortalité de 70 %. Des chiffres qui font peur quand on sait que ces tumeurs vont continuer de pourrir la vie à beaucoup de Sénégalais. Dans 20 ans, le nombre de malades pourrait passer du simple au double avec plus de 125 000 cas enregistrés en 2040, selon les projections de l’oncologue Dr Abdoul Aziz Kassé selon qui on peut parler de guérison de cancer que lorsqu’il y a une « rémission complète ». C’est-à-dire que, après traitement, le patient ne présente plus de signe en rapport avec sa maladie ou à des évènements liés à cette pathologie.

Au Sénégal, la progression du cancer va crescendo, malgré le soutien sans faille du gouvernement qui a permis d’enregistrer des avancées significatives dans la prise en charge des cancéreux. L’Etat du Sénégal, selon tous les acteurs, aurait consenti beaucoup d’efforts dans ce domaine. Il y a surtout la gratuité de la chimiothérapie et une subvention au prix forfaitaire de 150 000 francs pour la radiothérapie. Pour la chimio, explique le directeur de la Maladie au ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas), Dr Babacar Gaye, l’Etat, en 2018, a mis en place une ligne de crédit de deux (2) milliards de francs pour l’acquisition des médicaments. Et, aujourd’hui, ce sont quelque 9 000 patients, dont 7110 femmes, qui ont pu bénéficier de cette gratuité. Pour dire que sur 100 patients pris en charge gratuitement en matière de chimiothérapie, les 79 sont des femmes. L’Etat a également mis en place des services de chimiothérapie à Thiès et à Fatick, une déconcentration au niveau régional prise en compte dans le plan d’investissement sectoriel. Parmi les efforts de l’Etat, il y a aussi la construction d’un centre national d’oncologie dont les travaux avancent « à pas de caméléon ».

Toutefois, Dr Babacar Gaye du ministère de la Santé, précise que les travaux ont été « retardés par la pandémie de Covid-19 ». En tout cas, les efforts du gouvernement sont salués par le Pr Kassé qui parle d’« avancées extraordinaires ». « Le nombre de radiothérapies qu’on trouve au Sénégal n’existe dans aucun autre pays en Afrique. En tout, il y a trois accélérateurs dans le public et un dans le privé. Il y a aussi l’introduction de la vaccination contre l’hépatite B dès la naissance, la vaccination contre le papillomavirus. Il y a également la loi contre le tabac votée en 2014 à l’Assemblée nationale. Une bonne chose quand on sait que 30 % des cancers sont liés au tabagisme », a-t-il listé comme mesures phares prises par le gouvernement du président Macky Sall et dont l’effectivité ne souffre d’aucun doute. L’éminent cancérologue précise tout de même que, ces efforts de l’Etat, et surtout la gratuité de la chimiothérapie, « ce sont tous les citoyens qui doivent en bénéficier. Que ce soit des malades qui viennent dans le public ou dans le privé ».

Registre du cancer, programme cancer et formation
Toutefois, malgré ces efforts de l’Etat, il reste encore beaucoup à faire en matière de lutte contre les cancers notamment dans la formation, la mise en place d’un programme et d’un registre des cancers qui enregistre un grand retard… Des points essentiels dans la lutte contre les cancers et énumérés par la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca), Dr Fatma Guenoune, et le cancérologue Pr Abdou Aziz Kassé, qui notent des difficultés liées surtout au diagnostic et, avant celui-ci, en termes d’analyses, de chirurgie et de radiothérapie. Ce que confirme la présidente de l’Association contre le cancer au Sénégal, Mme Mame Diarra Guèye Kébé, qui parle d’une « batterie d’analyses et d’explorations avant d’arriver à cette pose du diagnostic ».

LISCAPour le Pr Kassé, « il faut un programme national de lutte contre les cancers financé, et une assurance maladie avec un fonds alimenté par l’Etat, le contribuable, et d’autres financements motivants ». « Car si on arrive à régler le problème du Plan cancer, on arrivera à régler la problématique du cancer », soutient Dr Guenoune non sans souligner la problématique du registre des cancers. « Ah oui, il est très important ce registre. Car c’est à partir des statistiques que l’on saura où l’on en est exactement avec cette lutte, et comment mieux agir », estime l’oncologue, Pr Kassé. Il définit le registre comme « un système d’enregistrement des malades qui va permettre de connaitre le nombre de cas, le nombre de décès et d’où ils viennent. Et si le registre est étendu sur tout le territoire, il sera très efficace pour de meilleurs résultats ».

En attendant la réaction des autorités gouvernementales sur ce point essentiel dans la lutte contre les cancers, la Lisca a acheté du matériel technique pour enregistrer les malades qui viennent se faire soigner à l’hôpital Aristide Le Dantec. Cette fédération de 19 associations va aussi aider de jeunes médecins à bénéficier d’une formation en traitement des cancers pour avoir mis sur la table une somme de 2,200 milliards de francs CFA. Donc une belle participation de la Ligue contre les cancers sans compter l’augmentation de la bourse de formation des médecins par le Chef de l’Etat qui passe de 150 000 à 300 000 francs.

Par rapport à ce point, le cancérologue Pr Kassé fait savoir que 75 % des malades ont besoin de soins d’accompagnement. Donc, après leur formation, ces jeunes médecins auront besoin d’études supérieures et de formation. D’où son plaidoyer pour des bourses de formation, surtout en radiothérapie. « On a besoin de manipulateurs en radiothérapie et non de manipulateurs en radiologie », précise le Pr Kassé qui pense qu’il faut qu’il y ait aussi un créneau de formation pour les paramédicaux.
Par Maïmouna Faye FALL

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